–
Moi, j’irai slamer sur vos tombes
Dès que j’en aurai l’occasion
Le temps que l’on m’incombe
Je soignerai mon élocution
Venir vous rendre hommage
Est le plus beau des pèlerinages
Je dédie les mots de ce poème
Aux grands de ce monde disparus
Des pensées dispensées je parsème
À chaque distance parcourue
–
Moi, j’irai slamer sur vos tombes
Mais pour échapper à l’hécatombe
Je tournerai sept fois ma langue
Sur ma feuille de papier mâché
Évitant que mes rimes tanguent
Et qu’à nouveau vous succombiez
C’est la rencontre entre deux mondes
Celui qui fut et puis… celui qui tue
Un contre la montre des plus immondes
Entre la mort et le temps suspendu
–
Moi, j’irai slamer sur vos tombes
Pour rallumer le flambeau de la vérité
Traversé par vos ondes vagabondes
Retransmettre ce souffle d’humanité.
Vous, les éveilleurs de conscience,
Par vos lueurs continuez d’enluminer
Vos voix ont bravé toutes les sciences
Mais où sont donc passés les illuminés ?
Où sont passés ces génies immortels ?
Ces morts vivants, ces non conventionnels
–
J’irai slamer sur vos tombes précieuses
Délaissant mes mortelles charentaises
Parce que votre écoute est silencieuse
Parce qu’elle m’inspire et m’apaise
Je braverais les tempêtes de vents
Me laisserais guider par vos chants
Loin des trompettes de la renommée
Et du folklore d’apparences illusoires
Loin de ces royaumes de futilité
Où les sabliers consument l’auditoire
–
Moi, j’irai slamer sur vos tombes
Recevoir les inspirations nourricières
Faire jaillir les mots tels des bombes
Pour les indispensables de cimetières
Par des attentats verbaux déclamés
Raviver les gerbes de fleurs fanées
Qui ornent vos couronnes posthumes
De poètes maudits vêtus en costume
Simple considération de circonstance
Avant de vous tirer ma révérence
–
Romain Boulmé « Suerte »
© Tous Droits Réservés-2014