
J’écrivais déjà depuis le début des années 2000’s. En 2002, le film 8 Mile retraçant une partie du parcours d’Eminem a été une révélation pour moi. Cependant, n’ayant pas le flow pour être un bon rappeur, je gardais mes textes dans le tiroir comme beaucoup de plumes qui débutent. En 2006, j’entends à la radio « Saint-Denis » de Grand Corps Malade, et là, j’ai pensé : « C’est comme ça que je veux m’exprimer ! » J’ignorais que le slam était un mouvement et non un mode d’expression. Ce n’est qu’en avril 2007 que j’ai mis les pieds sur ma première soirée slam sur la scène de l’ Astrocafé de Melun. J’ai très vite intégré le noyau dur de l’association Fonetick’Slam et dès le mois suivant, j’ai commencé à écumer les scènes slam de Paris et de Seine-Saint-Denis. Fabien alias Grand Corps Malade animait sa scène au Café Culturel de Saint-Denis tous les deuxièmes vendredis du mois avec Jacky Ido alias John Pucc’Chocolat (LE futur Marcel de Inglourious Basterds de Quentin Tarantino rien que ça !) et Ami Karim. C’était forcément la scène où tout le monde voulait aller avec celle des 129H au Lou Pascalou à Paris-Ménilmontant. Les deux scènes people du moment ! Au café culturel, nous étions parfois une cinquantaine de slameurs à attendre d’être appelé sur scène, il y avait parfois foule jusqu’à l’extérieur ! Tout le monde ne pouvait pas tenir à l’intérieur.

Photos de la fameuse scène du Café Culturel où lorsque tu montais tu étais forcément « WANTED » !
J’ai fréquenté les scènes dionysiennes, parisiennes et d’île-de-France jusqu’en 2009 avant de me consacrer uniquement à l’animation de la scène melunaise ensuite. Entre-temps, j’ai eu le privilège d’être embauché pour animer un café slam pendant 3 jours au Solidays en Juillet 2008 avec une belle équipe de poète(sse)s orchestrée par Tsunami de Planète Slam. C’était la première fois que j’étais payé pour mon art ! Lors de cet évènement, Grand Corps Malade donnait un concert. Il était venu nous saluer et nous sommes ensuite allez assister à sa prestation. Comme nous avions les badges « STAFF » du festival et que nous avions accès aux coulisses, nous avons rejoint Fabien alias GCM dans les loges où nous avons pu échanger avec lui et le féliciter pour son concert.

En décembre 2008, King Bobo, un animateur de scènes slam parisiennes, a obtenu des places pour que certains slameurs puissent faire partie du public de l’émission « On n’est pas couché » sur France 2. J’ai eu la chance de faire partie des heureux élus et j’ai ainsi assisté à la promotion de son second album « Enfant de la ville ». Le rappeur Abd al Malik dont j’apprécie la plume et la verve était également invité. Arthur Ribo, un slameur qui était à mes côtés, a fait une intervention improvisée agacé par les propos d’Éric Zemmour. Ce sont des moments d’anthologies qui restent gravés dans ma mémoire.
Quelques mois auparavant, le 31 mars 2008, j’avais également assisté à l’enregistrement de l’émission Café Picouly pour France 5, où GCM était invité et qui a été diffusé en avril !
Puis fin 2010, j’ai pris mes distances avec le slam pour raison de santé. Je me suis consacré à ma vie de famille, j’ai élevé mon fils et je suis revenu sur la scène slam qu’en 2013. Grand Corps Malade n’animait plus sa scène à Saint-Denis, il avait arrêté en 2010 environ. Je l’ai ensuite recroisé à Joué-lès-Tours, le 3 juillet 2015, lors d’un tournoi qu’organisait La Meute Slam 37 au bar « La Belle Rouge ». La soirée a commencé à 21H30, par un spectacle de Zurg et Yopo, les organisateurs de la soirée. Puis vint le tour de Fabien « GCM », qui a donné un concert en soutien à la Ligue Slam de France. Je tiens à préciser qu’il est venu bénévolement alors qu’il était en pleine tournée et qu’il montait sur scène le lendemain dans l’Ain. C’est pas tout le monde qui le ferait ! Dans la salle c’était une fournaise. Puis GCM a honoré ses dédicaces en plein air, il y avait pas mal de monde, il faisait nuit et la température avait baissé. Puis le tournoi a enfin pu commencé avec une trentaine de slameurs inscrits, à plus de 23 heures. Je suis passé dans les 10 premiers, peu avant minuit. J’avais décidé, au départ, de déclamer mon texte « J’irai slamer sur vos tombes » mais au moment de monter je me suis dit : « Tiens, je vais faire le texte sur mon fils Papa tu s’en va pas, de toute façon, c’est pour le fun ce soir y a des pointures du slam, le tournoi tu peux oublier ! » J’ai pas choisi un texte philosophique, ni travaillé. J’ai choisi de laisser parler le cœur… Ceux qui ne voulaient pas être notés avaient le choix de dire non. Jusqu’au moment de monter sur scène, j’ai hésité à me faire noter, mais lorsque l’on m’a laissé le choix, je n’ai pu résister et j’ai dit : « Allons y ! » Verdict 9,8/9,8/9,8/10/10… Ce qui fait que je me suis retrouvé en tête sans m’y attendre et 3 heures plus tard (oui car la scène a fini à 3 heures du matin, une première pour moi), les slameurs se sont enchaînés et j’étais toujours en tête. Il restait trois passages, je commençais à me dire : « Tiens et si c’était mon soir ? » Et là, une slameuse lyonnaise « Fifamé » avec qui j’avais sympathisé pendant la pause déboule et fait une prestation féerique. Fifamé aka Madeleine aka La Brioche me met 0,2 ou 0,3 pts et passe en tête, tout un symbole, elle qui venait de m’écrire un mot dans mon livre d’or juste en dessous de celui de Fabien alias GCM… Elle a décroché la « Grôle d’or », nouvel objet sacré du slam, façonné par Les amis de la Meute Slam 37 et mis en jeu par Yannick à la place de la Jarre sacrée qui venait d’être dérobé. Quant à moi, j’ai eu le droit à un énorme crayon de papier que La Meute avait ramené de Chicago. Un beau symbole pour moi que cet objet qui a traversé l’atlantique et qui vient de la ville où a été crée le concept des soirées slam !

Cette même année 2015, le 22 mai, nous avions organisé une Insurrection poétique, « Slamons la liberté d’expression » Place de la République à Paris 11ème. Cette scène d’expression libre animée en plein air par Tsunami et ZeMaud était notre manière de protester contre l’annulation du concert de Grand Corps Malade au Blanc-Mesnil. En effet, le maire de cette ville n’acceptait pas la présence sur scène de l’artiste Rachid Taxi, un de ses opposants politiques, pour interpréter « Inch’Allah ». Un comble quand, quelques mois avant, tous nos dirigeants politiques marchaient main dans la main dans la rue après les attentats de Charlie Hebdo au nom de la liberté d’expression. Quoi de mieux que la Place de la république pour montrer notre mécontentement ? ZeMaud qui était à l’initiative de ce coup de gueule avait convié Grand Corps Malade qui n’avait pu être présent. Cet acte n’a eu aucun impact mais nous avons passé un excellent moment d’échanges et de partages avec les gens qui sont venus nous écouter.

